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9 avril 2008

Le dernier duel de Kenji Nagai et le prix Pulitzer

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La photo a fait le tour du monde. D’un côté le journaliste pointant sa caméra, de l’autre le soldat pointant son fusil. Le duel entre la vérité et la force était dans cette Révolution Safran le cœur même du combat du peuple contre ses dictateurs.

Le non absolu, le déni, l’obscurantisme, la barbarie et la force aveugle ont eu l’avantage en ce 27 septembre 2007, et tout au long des jours, des semaines et des mois qui ont suivis, jusqu’à aujourd’hui encore où la tragédie birmane n’en finit de s’alourdir avec de nouveaux crimes, souvent cachés, rarement dénoncés.

Mais en ce jour du 27 septembre 2007 à 13h30, il y avait un homme posté sur une hauteur à quelques mètres de là. Cet homme, c’est Adrees Latif, un photographe de l’agence Reuters.

Adrees Latif est arrivé le 23 septembre à Rangoon, avec des vieux vêtements, un appareil photo 5D, 2 lentilles fixes et un ordinateur portable.

Il s’est rendu les 4 jours suivants à la pagode de Shwedagon où il a observé les moines aux pieds nus venir prier et chanter chaque soir. Il a vu leur nombre grossir, passant de quelques centaines à plusieurs milliers.

Puis est arrivé ce 27 Septembre. La ville est alors envahie de militaires, et l’accès à la pagode Shwedagon interdit. Adrees Latif se rend en direction de la pagode Sule, vers laquelle la foule converge en chantant le Metta Sutta.

A 13h30 arrivent les camions de l’armée, les soldats, et les rouleaux de barbelés. Le photographe sait qu’en 1988 les soldats n’ont pas hésité à tirer à bout portant sur la foule, fauchant plusieurs milliers de manifestants. Il se poste en sécurité dans un endroit où il a une vue dégagée.

Deux minutes plus tard, les tirs commencent. Il voit quelqu’un être projeté sur le dos, volant littéralement sous l’impact d’un coup de feu. Il saisit instinctivement l’instant de son appareil. Un soldat pointe son fusil vers un homme qui rétorque en pointant vers lui sa caméra. Dernier échange, dernier duel. Ils semblent se dire :

« Le monde saura.

- Crève. » 

Et puis plus rien. Plus rien ? Non. La photo a fait le tour de monde. Le monde a finalement su la dramatique fin du courageux journaliste Kenji Nagai et l’horreur de la dictature birmane. Et puis le prix Pulitzer 2008 de la photo d’information vient d’être décerné à Adrees Latif pour son cliché.

La Birmanie quant à elle n’en finit pas de crever.

N’oublions pas la Birmanie.

Sophie Alvarez pour Buddhachannel

Source des informations sur Adrees Latif dans The Irrawaddy .

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