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1 février 2008

2 - Les années Ne Win, l'ombre de la tyrannie (1962-1988)

ne_win

               

Ne Win aboli le parlement, cumule tous les pouvoirs, devient chef d’état et président d’un conseil révolutionnaire de 17 membres. Il crée un parti unique, le BSPP (Parti du Programme Socialiste de Birmanie), inspiré d’une vague idéologie «marxiste-bouddhiste» : la voie birmane vers le socialisme. 

               

Ne Win est un homme fantasque, autoritaire, coureur de jupons et superstitieux. Son chiffre fétiche est le 9, multiple du 3 qui signifie l’union du ciel, du monarque et de la terre. Il entame de vastes nationalisations qui s’étendent jusqu’aux petits commerces, et ferme la Birmanie au monde extérieur. Ses réformes mettent au chômage 250 000 petits commerçants indiens et chinois qui sont expulsés. Le marché noir et la contrebande se développent. L’économie a pris la route de son effondrement total. Ne Win n’admet aucune contestation,  les libertés individuelles se réduisent,  et il poursuit sa guerre contre les minorités ethniques.   

La chape de plomb et la violence de la dictature ne résolvent aucun des problèmes de la Birmanie. Ses erreurs de gestion sont lourdes de conséquences : l'absence de compétition privée, la rigidité idéologique, la corruption et l’incompétence du régime mènent à l’effondrement du système économique, les rebellions ethniques gérées dans la violence s’enflamment de plus belle, le conflit avec les communistes birmans s’amplifie, et le budget de l’armée devient considérable. La pression des contestations monte.       

En 1974, des insurrections étudiantes et des grèves se multiplient dans les villes. L’armée tire sur la foule et fait 22 morts.  A Akyab, sur le golf du Bengale, les dockers refusent de charger du riz destiné à l’exportation alors que la population a faim. Dans un cumul de tragédies, des inondations font plusieurs milliers de victimes. Fin 1974 la loi martiale instaurée brise une nouvelle fois l’élan du peuple prisonnier  vers sa liberté. L’étau terrible se resserre, et une loi est créée en 1975, « visant à protéger l’état des d’éléments destructeurs ». Elle permet d’emprisonner quelqu’un pendant 5 ans sans jugement. Cette loi est toujours en vigueur à ce jour.          

Dans les années 1980, la Birmanie demande et obtient le statut de pays le moins avancé (PMA) auprès des Nations Unies, et bénéficie ainsi d'un soutien financier pour faire face à sa dette extérieure de 3,5 milliards de dollars. Fin 1987,  l'économie est ruinée.  Le pays est isolé du reste du monde et est classé parmi les 10 plus pauvres. Les salaires sont figés depuis 30 ans et  l'inflation atteint 500 %.  La population est sous le joug  capricieux d’une dictature aux règles ubuesques où les droits individuels sont en régression permanente.

               

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La troisième démonétisation annoncée brutalement le 1er septembre 1987 est l’étincelle qui met le feu aux poudres : sur le conseil de son numérologue, et parce que le 9 est son chiffre porte bonheur, Ne Win décide de retirer de la circulation, sans indemnisation, les plus petites coupures de kyats, soit environ 70% de la monnaie birmane. Le système bancaire étant inexistant, 90% de la population se retrouve ruinée du jour au lendemain.

La révolte gronde.

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