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18 juillet 2008

Un appel aux armes ?

Depuis près de 20 ans, Aung San Suu Kyi défend corps et âme l'idée de la libération de la Birmanie d'une manière non violente, avec l'aide de la communauté internationale, principalement en lui demandant une abstention de tout lien économique avec la junte.

      

Depuis près de 20 ans, malgré certaines sanctions économiques, les liens commerciaux avec la junte Birmane s'étoffent et lui permettent une armée puissante, qu'elle dirige sans scrupule contre son pire ennemi, le peuple Birman.

      

La Révolution Safran semble avoir été l'apogée de toutes les tentatives pacifiques du peuple, et le cyclone Nargis la preuve irréfutable de l'autisme criminel de cette dictature.

      

Le nombre de prisonniers politiques ne cesse d'augmenter. Le maintien en résidence surveillée d'Aung Sang Suu Kyi a été prolongé en juin d'une nouvelle année, de manière totalement illégale. Le génocide du peuple Karen continue en toute impunité sous le regard de la communauté internationale. Les réfugiés ne cessent de s'entasser misérablement dans les pays frontaliers.  Dernièrement même, 2 bombes ont explosé. Un terrorisme de libération commence.

          

L'histoire du peuple Birman sera-t-elle celle de la victoire du droit et de la lutte pacifique ? Ou devient-elle l'apologie de la violence et de la puissance criminelle ?

      

J'ai aimé traduire cet essai écrit par Kyaw Zwa Moe, et publié dans The Irrawaddy. Il marque le point de rupture qui commence à se faire sentir entre la non violence et l'auto destruction, marqué par ce que l'on nomme la légitime défense.

   

La légitime défense est cependant elle même impossible,  car elle est suicidaire tant le rapport de force est inégal. 

      

Cet essai est intitulé "Un appel aux armes". Il rappelle étrangement en ce mois de juillet ce "Aux armes, citoyens" qui symbolise aussi notre démocratie.

 

Sophie

The Irrawaddy, 15/07/2008, par Kyaw Zwa Moe, traduction de Sophie.

« Rien de peut faire tomber le régime militaire Birman – au moins à ce jour ». J’avais écrit ces mots dans un commentaire après que le soulèvement mené par les moines ait été écrasé par la junte l’année passée. « Toutes les tentatives pacifiques ou violentes, y compris la lutte armée, les soulèvements du peuple, les sanctions internationales et les engagements politiques ont échoué. »

Mais j’avais omis une chose : une catastrophe naturelle.

La dévastation causée par le cyclone Nargis a testé le régime militaire. Il a clairement démontré une nouvelle fois à quel point les généraux étaient restrictifs, déraisonnables et brutaux, mais il n’a pu changer leur état d’esprit - même pour une collaboration totale avec la communauté internationale - de venir en aide à leur propre peuple.

Le peuple s’attendait à ce que le soulèvement des moines en septembre 2007 amène quelque chose de positif au pays. De nouveau en mai cette année, beaucoup de gens ont espéré qu’une réponse irraisonnée au cyclone de la part de la junte amènerait le scénario positif d’une intervention humanitaire. Mais les espoirs furent balayés lorsque les généraux ont largement rejeté les efforts de la communauté internationale pour apporter des secours rapides et efficaces.

Les généraux ont prouvé qu’ils pouvaient traiter révoltes massives et catastrophes naturelles selon leurs méthodes, sans aucun égard pour ce que les autres pensent ou ressentent.

Un soulèvement du peuple a peu de chance d’arriver dans un futur proche. N’importe quel soulèvement, s’il arrivait, serait brutalement écrasé.

De la même façon, les sanctions économiques imposées par les pays occidentaux, menés par les Etats Unis, ont causé des perturbations et des troubles au sein des séniors dirigeants de la junte et de leurs acolytes commerciaux, mais elles manquent de puissance pour amener un changement démocratique.

Après 20 ans, la diplomatie a prouvé qu’elle était un échec. Le peuple Birman réalise maintenant plus que jamais qu’il ne peut pas compter sur les Nations Unies ou sur la communauté internationale pour amener un changement substantiel dans le pays. Les généraux continueront de faire ce qui leur semble bon.

Les Nations Unies sont pour le moment utiles aux généraux – lorsqu’ils veulent s’en server comme d’une carte politique – mais inutiles au people.

Peut-être reste-t-il une option de libre : la lutte armée. De plus en plus de Birmans ont parlé de lutte armée au cours des  derniers mois. En fait, les luttes armées ne représentent rien de nouveau en Birmanie.

Alors qu’il était interrogé sur une justification morale pour une soulèvement armé par le peuple de Birmanie, Noam Chomsky, le célèbre critique politique de l’institut technologique du Massachussetts, a déclaré dans un interview avec le journal Thaïlandais le Bangkok Post : "Il y en a certainement, selon moi, avec une restriction : un soulèvement armé devrait évaluer avec soin les probables conséquences sur les personnes qui souffrent." 

Il a déclaré, "Je pense qu'il est convient que le peuple se soulève, mais cela n'est pas à moi de dire au peuple de risquer un meutre en masse. En ce qui concerne l'assassinat des dirigeants, la question ressemble à se demander s'il est approprié de tuer des meurtriers. Ils devraient être appréhendés par des moyens non-violents, si possible. S'ils dégainent un pistolet et commencent à tirer, c'est de la légitime défense que de les tuer, s'il n'y a aucune autre moindre option."

Le Birmanie a déjà différentes formes de luttes armées qui durent depuis les six dernières décades, depuis l'indépendance du pays avec l'Angleterre. Après 1988, les groupes ethniques armés le long de la frontière ont été renforcés par les groupes d'étudiants militants qui se sont enfuis du pays après que leur mouvement ait été écrasé par les troupes gouvernementales. 

En 1989, le puissant "Community Party" de Birmanie s'est séparé en petits groupes après avoir subi une mutinerie interne. Au cours des années 90, près de 17 groupes ethniques armés ont obtenu des accords de cesser le feu avec le régime militaire. Ils ont abandonné leur lutte, et se sont concentrés sur les concessions commerciales offertes par le gouvernement.

Le Front Démocratique de Tous les Etudiants de Birmanie (All Burma Students’ Democratic Front -ABSDF), fondé par les étudiants en 1988, a commencé à perdre graduellement de son élan après 1991 à la suite d'une scission dans le commandement. L'ABSDF était très populaire parmi le public. Il semble que sa lutte armée soit tout sauf terminée.

Aujourd'hui, quelques groupes armés, y compris le plus ancien groupe rebel, l'Union Nationale Karen (KNU), n'ont pas atteint les accords de cesser le feu, mais leur force militaire représente seulement un infime fraction face aux troupes du régime de 400 000 hommes. Cela fait longtemps que les groupes armés n'ont pas organisé de grandes batailles contre les troupes du gouvernement. De brèves échauffourées sont maintenant la norme. 

Les luttes armées ont eu un impact sur la politique Birmane dans le passé - de façon positive et négative.

Si un soulèvement armé pouvait être alimenté - un qui serait focalisé sur la liberté du peuple - il pourrait mettre une pression sur la junte dans une certaine mesure. Il pourrait même amener le scénario politique du pays sur un sentier positif et constructif. S'il y a une justification morale à un soulèvement armé du peuple qui souffre comme l'a dit Chomsky, la question est maintenant : Le moment est-il venu pour un nouveau soulèvement armé ?

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Commentaires
K
Pour les Bouddhistes la violence n'est pas dans l'acte mais dans l'intention. Si on tue une personne pour en sauver plusieurs , l'intention est de sauver de nombreuses personnes.<br /> "La non violence bouddhiste n’est pas celle du Jainisme... Le bouddhisme n’exclut pas la violence et la force, mais en dernier recours bien sur, et à condition qu’elle puisse donner de bons résultats et qu’on en fasse usage sans haine..".(Dagpo Rimpoche)<br /> Lire : http://www.anussati.org/vivre/spip.php?article96<br />
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