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14 février 2008

L'anarchie, ciment de la Birmanie

Basil_Fernando

Basil Fernando, 12 février 2008 (DVB) - La semaine dernière, la Commission asiatique des droits de l'Homme a publié 3 appels de  cas juridiques birmans, qui illustrent l'impéragnation du pays par le règne de la "non-loi".

Le premier cas décrit comment Paing Hpyo Aung, un garçon de moins de 14 ans, a  été recruté par l’armée. Il avait 15 ans quand en  2005 un tribunal militaire l'a condamné à dix ans de prison pour désertion. Il est toujours dans une prison de l'état Arakan, où il vient de passer  son 18ème anniversaire. Ses parents sont morts, mais sa tante, qui  vient seulement d’apprendre sa situation via un ancien détenu, s’est pourvue en appel pour obtenir sa libération.

Le second cas décrit comment Htun Htun Naing, un joueur condamné à la prison, a  été transféré en juin 2006 de la prison d'Insein vers l’état Karen afin d’y être porteur forcé pour l'armée. À la fin de l'année un officier militaire est venu informer sa  famille qu'il y était mort de malaria.

Ils ne leur été fourni ni certificats de décès ou médicaux. En janvier de l'année suivante il leur a été envoyé à un avis indiquant  qu'ils seraient indemnisés de sa mort pour un montant total de 7200 Kyats, ce qui équivaut à peu près à 6$. Ils ont demandé plus, jusqu'ici en vain.

Le troisième a raconté l'emprisonnement de Khin Sanda Win, une  jeune femme détenue après les manifestations de septembre passé et  accusée de port d’arme illégal. Bien qu'elle ait été libérée du camp d'interrogation de Kyaikkasan  en octobre contre la signature d'un engagement, elle a été de nouveau arrêtée en novembre pour la même raison et accusée de mettre en danger la vie humaine.

Inexplicablement, le juge U Thaung Lwin de la cour de la commune de Kyauktada a au début accordé une caution d’un montant bien au-delà de ce qui aurait du être fixé, puis l’a unilatéralement rétractée.

Chacun de ces cas entre dans une catégorie différente des droits de l'homme : enfants soldats,  travail forcé, prisonniers politiques. Mais en fait, chacun est  lié à l'autre par un dénominateur commun : l'anarchie totale qui infiltre tous les aspects de l’administration politique et judiciaire de la Birmanie.

En décembre dernier, une étude a mis en exergue cette caractéristique de la vie en  Birmanie. Décrivant le pays comme souffrant « de  psychose  politique et de  démence légale », elle a décrit l'anarchie  comme le symptôme d'un système administratif et juridique devenu fou. Ceci envahit au quotidien non seulement les vies de ceux qui sont les sujets  typiques d’intérêt médiatique et d'interventions au nom des droits de l'homme, tels que les leaders et les prisonniers politiques, mais aussi celles de tous ceux qui se trouvent à l’intérieur de ses frontières.

 

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Pourtant en dépit de l’anarchie dans laquelle se gèrent en Birmanie les transactions et les abus, ceci suscite relativement  peu d'intérêt.

Nous savons que les cours ne sont pas indépendantes, mais nous ne  comprenons pas correctement comment. Nous savons que la police est  militarisée et que les sapeurs-pompiers ont des fonctions policières,  mais nous n'avons précisément cherché à le comprendre.

Nous savons que tous les types de violations de droit sont liés à une absence de possibilités pour la plainte et la réparation, mais la manière dont nous traitons les cas souligne leurs différences au lieu d’établir leurs similitudes.

Ni la tante de Paing Hpyo Aung ni l'épouse de Htun Htun Naing ne sont  connues pour avoir reçu des réponses à leurs demandes écrites. L'avocat de  Khin Sanda Win continue de présenter sa requête de caution d’une cour à l’autre, avec un manque prévisible de succès.

Les conséquences  sont identiques, que l’on traite l’affaire d’un enfant  emprisonné, celle d’un mari mort ou celle d’un juge irrationnel.

Naturellement, nul n'accepte de telles choses avec bonheur. Au-delà de l'anéantissement et du besoin, les gens se mettent à protester même dans les circonstances les plus adverses.  Le mécontentement jaillit comme cela a été le cas l'année dernière. Mais puisque les causes persistent, les conséquences persisteront également. 

Ceux qui bravent les violences infligées et protestent contre les méfaits trouveront les  moyens de continuer à le faire, et  ils le doivent. En ce qui nous concerne, nous nous devons de comprendre correctement pourquoi ils le doivent.

Tout d’abord, nous devons reconnaître que l’ensemble du malaise est soutenu par des griefs communs, en second lieu les comprendre, et au-delà, lutter pour le changement,  non pas en termes de catégories distinctes de droit  mais en termes d’universalité.

Basil Fernando est le directeur exécutif de la  Commission asiatique de droits de l'homme, basée à Hong Kong,  Chine.

Source : Démocratic Voice of Burma
Traduction de Sophie pour blogger sans frontière 

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