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19 juin 2008

Les bienfaits de la méditation et du sacrifice, par Aung San Suu Kyi

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La retraite de la saison des pluies a commencé. Le moment est venu d’offrir des robes aux moines et de faire des efforts particuliers pour obtenir une meilleure compréhension des valeurs Bouddhistes. En Birmanie, nous considérons les membres de la sangha (l’ordre religieux Bouddhiste) comme des enseignants qui nous guideront le long du noble octuple sentier. Les bons professeurs ne donnent pas seulement des sermons érudits, ils nous montrent aussi comment nous devons nous comporter dans nos vies quotidiennes selon la compréhension juste, la pensée juste, la parole juste, l’action juste, la subsistance juste, l’effort juste, l’attention juste, et la concentration juste.

Il n’y a pas longtemps, avant ma mise en résidence surveillée de 1989, j’ai été gratifiée d’une audience par le Vénérable U Pandita, un enseignant exceptionnel dans la meilleure tradition des grands mentors spirituels, ceux dont les mots agissent constamment comme une aide pour une existence meilleure. U Pandita, le saint enseignant, a parlé de l’importance de la parole juste. Non seulement notre parole doit exprimer la vérité, mais elle doit aussi amener l’harmonie parmi les êtres, être aimable et plaisante et elle doit être bénéfique. L’on devrait suivre l’exemple du Bouddha qui n’a eu que des paroles qui ont été fiables et bénéfiques, même si parfois un tel discours n’a pas toujours été plaisant à l’auditeur.

Le saint professeur m’a aussi exhorté à cultiver la pleine conscience. Des 5 facultés spirituelles (qui sont la foi, l'énergie, la concentration, la sagesse et la pleine conscience), seule la pleine conscience ne peut jamais être en excès. Une foi excessive sans assez de sagesse mène à une foi aveugle, alors qu’une sagesse excessive sans énergie suffisante mène à de la ruse indésirable. Un excès d’énergie combiné avec une faible concentration mène à l’indolence. Mais en ce qui concerne la pleine conscience, c’est en excès, mais toujours en carence. La vérité et la valeur de ce concept Bouddhiste que le saint professeur U Pandita a pris tant de soins à imprimer en moi est devenu évident pendant mes années de résidence surveillée. Comme beaucoup de mes collègues Bouddhistes, j’ai décidé de mettre mon temps de détention à profit en pratiquant la méditation. Ce n’était pas un processus facile. Je n’avais pas d’enseignant et mes premières tentatives étaient plus qu’un peu frustrantes. Il y a eu des jours où j’ai trouvé mon échec à discipliner mon esprit selon les  pratiques de méditation prescrites tellement exaspérant que j’avais l’impression de me faire plus de mal que de bien. Je pense que j’aurai abandonné sans la recommandation d’un célèbre enseignant Bouddhiste, qui dit que si l’on veut pratiquer la méditation, on doit le faire pour son propre bien.

J’ai donc serré les dents et persévéré, souvent plutôt sombrement. Alors mon mari m’a donné une copie du livre de Sayadaw U Pandita « Dans cette Vie même, les Enseignements de Libération du Buddha ». En étudiant ce livre avec attention, j’ai appris comment surmonter les difficultés de la méditation et en retirer les bénéfices. J’ai appris comment la pratique de la méditation amène a l’élargissement de la pleine conscience dans la vie de tous les jours, à maintes reprises. Je me suis remémorée les mots du Saint professeur sur l’importance de la pleine conscience avec admiration et gratitude.

Dans mon travail politique, j’ai été aidée et affermie par les enseignements des membres de la Sangha. Au cours de ma toute première tournée de campagne à travers la Birmanie, j’ai reçu d’inestimables conseils de moines dans différents endroits du pays. A Prome, un Saint professeur m’a dit de garder à l’esprit l’ermite Sumedha, qui a échangé la possibilité d’une libération individuelle rapide, contre de nombreuses vies d’effort afin de pouvoir libérer les autres de la souffrance. Alors vous devez être préparée à vous dépasser aussi longtemps que nécessaire dans le but d’accomplir ce qui est bien et juste, m’a exhorté le saint professeur.

Dans un monastère à Pakokku, le conseil qu’un abbé a donné à mon père lorsqu’il s’est rendu dans cette ville il y a de cela plus de 40 ans m’a été répété : «Ne soyez pas effrayé à chaque fois que l'on tente de vous faire peur, mais ne soyez pas totalement sans peur. Ne devenez pas ivre chaque fois que vous être loué, mais ne soyez pas totalement sans ivresse». Autrement dit, en préservant courage et humilité, il ne faut abandonner ni la prudence ni le juste respect de soi-même.


Lorsque j’ai visité Natmauk, la ville de la maison de mon père, je suis allée au monastère où il a étudié enfant.

Là, l’abbé a donné un sermon sur les quatre causes de déclin et de décadence : échec à retrouver ce qui a été perdu ; omission de réparer ce qui a été endommagé ; mépris de la nécessité d’une raisonnable modération ; et l’élévation au rang de dirigeant de ceux qui sont sans moralité et connaissance. L’abbé a continué à expliquer comment ces vues traditionnelles Bouddhistes devraient être interprétées pour construire une société juste et prospère dans l’âge moderne.


De ces paroles de sagesse que j’ai rassemblées au cours de ce voyage en Birmanie centrale, celles d’un saint enseignant de Sagaing, âgé alors de 91 ans, me restent particulièrement à l’esprit. Il m’a fait l’esquisse de la difficulté qu’il y aurait pour un avènement de la démocratie en Birmanie : « Vous serez attaquée et injuriée pour votre engagement dans une politique honnête » a déclaré le professeur, « Mais vous devez persévérer. Fondez un investissement dans la souffrance, et vous obtiendrez la félicité”.

Source Bangkok Post Septembre 1996, vu sur le blog d’Ashin Mettacara

Traduction de l’anglais par Sophie pour http://www.buddhachannel.tv/portail/ 

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