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27 janvier 2008

Pleure, mon pays bien-aimé, Par U Gambira & Ashin Nayaka

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Les ordres religieux de moines ont toujours été le visage de la Birmanie (Myanmar) depuis que le Bouddhisme a été introduit ici, plus de 1000 ans auparavant. Pour un moine, s’impliquer en politique ou jouer un rôle politique est contraire au code éthique du Bouddhisme Theravada. Mais en Birmanie aujourd’hui, cette philosophie spirituelle, née de la compassion et la non-violence, a pris une dimension inattendue de défiance et un caractère récalcitrant en ce que les moines défient l’hégémonie militaire de la junte qui contrôle le pays.

Nous sommes tous deux des moines bouddhistes - un leader de la Coalition des Sangha de Birmanie qui a dirigé les récentes manifestations, et un érudit enseignant aux Etats-Unis. L’un d’entre nous se cache aujourd’hui car le gouvernement militaire de Birmanie a réprimé la maifestation pacifique de nos frères et soeurs bouddhistes avec violence et brutalité.

Beaucoup de moines et nonnes ont été trompés et frappés, et des milliers qui ont été arrêtés endurent une brutalité continuelle. Plus de 1000 ont disparu et beaucoup sont présumés morts. Quelques semaines avant, les moines de Birmanie ont commencé à marcher et prier, ils ont répandu la bienveillance aimante dans un effort pour résoudre pacifiquement les problèmes de notre nation.

La Birmanie est un pays riche en ressources naturelles, mais son peuple est pauvre. Lorsque le gouvernement a soudainement et de manière capricieuse, augmenté le prix du fuel à hauteur de 500 pour cent en l’espace d’une nuit, tout le monde s’en est trouvé affecté - et plus désespéré encore.

En tant que moines, nous croyons en la possibilité d’atténuer la souffrance chaque fois que nous la voyons, il s’agit là d’une partie des voeux que nous avons faits. Nous ne pouvions ignorer la souffrance de notre peuple. Nous avons formé la Coalition du Sangha quand nous avons vu que les moines du pays étaient unis.

Ceux d’entre nous qui étudient et enseignent à l’étranger partagent cette unité, et se sont rallié à la cause des nôtres en Birmanie. Et ce ne sont pas seulement les moines qui sont unis. Lorsque nous avons commencé nos marches pacifiques pour le changement, des étudiants, des jeunes, des intellectuels et des gens ordinaires nous ont rejoints dans les rues, sous la pluie.

Nous avions pensé que nous pourrions appeller certains, si ce n’est tous, des généraux qui contrôlent notre pays -eux-mêmes bouddhistes- à nous rejoindre afin de tenter de soigner les nombreuses maladies qui ont touché la Birmanie.

D’abord, nous avons essayé de montrer notre mécontentement lié à la répression militaire, en refusant de recevoir leur aumône. Nous retournions nos bols de mendiant pour signifier notre sentiment. Nous n’avions pas perdu notre bienveillance aimante pour les soldats ordinaires, pas même celle pour les dirigeants qui leur ont ordonné de brutaliser leur propre peuple, mais nous voulions les presser de changer tant qu’il en était encore temps.

Nous savons que certaines personnes au sein de l’armée et des organisations proches du régime ont hésité à user de violence contre les moines. Nous voulons dire aux personnes qui font montre de violence à l’égard de leurs propres concitoyens, de cesser et de réfléchir : leurs actions sont-elles en accord avec le Dharma, sont-elles en train d’agir pour le bien du peuple birman ?

Certains des soldats à qui on a ordonné de nous battre et de nous arrêter dans notre marche ont refusé de le faire parce qu’ils ont compris la vérité de notre démarche. - Nous espérions ouvrir une issue pour les dirigeants militaires, une voie propice à un dialogue réel avec les dirigeants du peuple et ceux des groupes ethniques, pour l’unité de la nation.

Mais cet espoir n’a que peu vécu. Le régime pourchasse actuellement ceux qui ont participé aux manifestations et commet des actes de violence inimaginables. Ils ont attaqué des monastères et arrêté des moines et nonnes par la force. Des gardes sont partout, dans toutes les rues, entourant les pagodes et quartiers résidentiels.

Des manifestants blessés auraient été brûlés vifs dans des charniers, et on a confirmé la présence de corps sur les rives des voies navigables de Rangoon (Yangoon). Le régime brutalise le peuple birman, et ment au monde sur ses actes.  Le brigadier - Général Kyaw Hsan, un représentant de l’armée, a récemment affirmé à l’envoyé spécial des Nations Unies Ibrahim Gambari que les manifestants dans la rue étaient de « faux moines ». Mais nous sommes d’authentiques moines, et des milliers d’entre nous - venus de Rangoon, de Mandalay, de Pegu, d’Arakan, de Magwe et de Sagaing - ont manifesté pour la paix.

On a raconté que les soulèvements en Birmanie étaient terminés. C’est ce que la junte veut faire penser au monde. Mais nous croyons que les manifestations représentent le début de la fin du contrôle militaire dans notre pays. Les généraux qui ont ordonné la répression ont assailli non seulement le peuple birman, mais aussi leurs propres coeurs, âmes et convictions spirituelles. Les moines sont les garants du Dharma : en les attaquant, les généraux ont attaqué le Bouddhisme lui-même.

Nous savons que la communauté internationale tente de nous venir en aide, mais nous avons besoin que cette aide soit plus efficace. Nous remercions les nombreuses personnes et organisations à l’étranger qui nous aident à regagner les droits qui nous ont été refusés depuis plus de 40 ans. Mais nous appellons également la communauté internationale à faire en sorte que ses actions soient pratiques et efficaces.


Le gouvernement militaire fera tout pour garder son pouvoir, et ses actes violents doivent être exposés au monde. Ils peuvent contrôler les rues et les monastères, mais ils ne pourront jamais contrôler nos coeurs et notre détermination.


U Gambira est le pseudonyme d’un des leaders de la Coalition des Sanghas de Birmanie ; Ashin Nayaka est le fondateur de la Société Missionnaire Bouddhiste et un érudit invité à l’Université de Columbia.

Traduction de l'anglais par Hélène Le, pour Buddhachannel

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